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Des retraites annuelles pour les prêtres séculiers

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A la fin de l’année 2024, fin octobre et début décembre, j’ai accepté de donner deux retraites a des prêtres diocésains, l’une pour ceux d’Assiout et l’autre pour ceux de Souhag. Compte tenu de leur emploi du temps, chaque retraite a eu lieu du lundi au jeudi. Ce fut une expérience enrichissante qui m’a poussé à réfléchir sur ce service d’Eglise.

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Message du Père Provincial pour Nöel 2025

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L’année 2024 a été particulièrement violente dans notre région.  Nous avons vu la destruction de Gaza, et la violence dans la Cisjordanie. La région frontalière israélo-libanaise a été continuellement bombardée avec des centaines de milliers de personnes qui ont dû quitter leurs habitations des deux côtés de la frontière. Fin septembre 2024 cette guerre a franchi un nouveau palier avec des bombardements israéliens de la banlieue sud, étendus rapidement à tout le Liban où il y avait des membres de Hezbollah.

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Au terme de ce premier cycle de théologie, je mesure combien ce temps d’études intellectuelles a été une expérience charnière dans ma vie humaine, spirituelle et religieuse. Depuis mon arrivée à Paris, en septembre 2018, le grand défi a été pour moi la langue française que je n’avais pas eu l’occasion d’apprendre avant de venir. Je me suis senti comme un enfant qui apprend de nouveau à parler et à comprendre le monde et sa complexité. Ce fut une expérience spirituelle forte.

J’ai passé une année à apprendre les principes de la langue française et ai ensuite entamé les études de théologie, qui au début n’étaient pas du tout faciles à cause de ma difficulté avec la langue française. J’ai beaucoup douté de ma capacité à suivre des études dans un autre système de pensée et dans une culture différente de la mienne. J’ai mis beaucoup de temps et d’énergie à déchiffrer les mots et les expressions théologiques en français. Or, grâce à cette difficulté, j’ai eu la chance de me rendre plus attentif aux vocabulaires théologiques et aux sens des mots, de goûter leurs significations et de les comparer avec leurs significations dans ma langue maternelle, l’arabe. Ce fut vraiment une grande source de richesse, d’ouverture et de croissance.

Près de la moitié du temps de mes études théologiques a été marqué par la crise de la pandémie. Cette crise a été l’occasion d’un moment d’arrêt pour écouter l’appel du Seigneur, pour ouvrir les yeux, pour me laisser pénétrer par ma souffrance et celle des autres. Cette crise a été pour moi une période de réveil, qui m’a fait contempler la vérité de ce verset : « L’homme avec ses honneurs ne passe pas la nuit : il est pareil à la bête qui s’est tue » (Ps 49,13). Avant le confinement, boire un café avec un ami, sortir pour prendre l’air et aller en cours étaient des choses ordinaires et habituelles. Depuis le confinement, je m’éveille à la grâce de ces choses normales de la vie quotidienne. Par ailleurs, cette nouvelle maladie m’a rendu plus conscient de la vulnérabilité de l’être humain, mais aussi de sa capacité de solidarité et d’amour. Enfin, la pandémie m’a donné l’occasion de contempler « la mort » et de la laisser être toujours présente à mon esprit et de me réconcilier davantage avec elle.    

Quant à la formation que j’ai reçue au Centre Sèvres, elle n’est pas seulement intellectuelle mais aussi humaine et spirituelle, et elle m’a préparé à exercer mes futurs ministères pastoraux. Pour moi, l’expérience des études est une école pour apprendre l’écoute de l’Esprit Saint et des cris du monde. C’est un chemin pour suivre Jésus Christ, qui nous conduit vers le Père, et pour aimer son Église sainte, qui comprend aussi des pécheurs. L’expérience des études est une expérience de croissance dans la foi pour proclamer la Bonne nouvelle aux autres et pour que je sois prêt à justifier mon espérance devant ceux qui m’en demandent compte (1P 3,15). 

Au cours de ces années, ma pensée théologique a été marquée par la dialectique qui est au fond de la révélation chrétienne, en tant qu’elle est d’un côté la révélation sur Dieu et, de l’autre, la révélation sur l’homme. C’est pourquoi l’anthropologie théologique a toujours été le fil conducteur de mes lectures et de mes travaux écrits. J’ai cherché à approfondir deux questions principales : qu’est Dieu pour l’homme ? et qu’est l’homme devant Dieu ? Et dans la mesure où « Dieu est l’homme qu’il faut », la réponse à l’une de ces questions passe évidemment par l’autre. Et au cours de ces études, je me suis senti appelé à avancer comme un pèlerin, dont les images de Dieu et aussi de l’homme étaient amenées sans cesse au long du chemin à se laisser renouveler.

Les questions théologiques que j’ai travaillées au cours de ces années sont issues de mes expériences personnelles et apostoliques des années précédentes dans la compagnie, et même avant. Il y avait toujours présentes dans ces questions les défis actuels de ma province et des sociétés qui la composent, et qui sont déchirées et marquées par les guerres. C’est la raison pour laquelle, j’ai eu un intérêt décisif pour le sujet du pardon. 

Lorsque j’étais en Syrie en 2014 et en Irak en 2019, j’ai vu et écouté la souffrance et les douleurs des citoyens de ces pays. Une souffrance issue de la guerre, bien entendu, mais aussi de la haine qui demeure dans les cœurs et de l’incapacité à pardonner. C’est pourquoi j’ai travaillé sur ce sujet dans mon mémoire de fin de cycle qui est intitulé « le pardon, un chemin pour traverser le mal ». J’ai voulu me demander s’il pouvait exister un chemin pour le pardon dans ces différentes circonstances. Et j’ai trouvé que le pardon est la demande divine incontestable et indispensable, qui est capable de nous faire sortir du cercle vicieux et infernal de la haine. Cela m’a fait comprendre qu’au milieu de notre monde souffrant du mal, Dieu nous offre un chemin possible pour trouver la vie en abondance : le pardon. En tant qu’il est une conséquence du pardon divin préalable, le pardon interhumain a le pouvoir de traverser le mal de notre monde et de nous faire accéder au royaume des cieux. Oui, le chemin du pardon est très difficile, pénible, complexe et quasiment impossible lorsque l’homme s’en remet seulement aux forces et aux ressources humaines. Mais s’il s’appuie sur le pardon divin préalable et sans condition, il peut trouver la source et la puissance nécessaire pour pardonner à son tour.

L’un des grands soucis qui demeure dans mon cœur et mon esprit est de trouver l’équilibre entre mon identité chrétienne orientale et mes études théologiques colorées par la pensée occidentale, séparées par une grande distance qui est issue de la différence de cultures, de sociétés et d’approches anthropologiques et théologiques.

Enfin, sans avoir présenté tous les nombreux fruits de mon parcours de théologie, je ne peux que me mettre à genoux devant le mystère abyssal de Dieu et le mystère de son image, l’homme. Ce mystère divin me fait chercher Dieu sans cesse, bien plus que prétendre l’avoir déjà trouvé. Dans cet esprit, je me prépare pour continuer mes études de deuxième cycle au Centre Sèvres, selon la demande de mon provincial. 

Emile Gebriel SJ

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