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LA MISE EN ŒUVRE À LA COP 27

LA MISE EN ŒUVRE À LA COP 27

Le thème de la COP 27, la dernière conférence des Nations unies sur le climat qui se déroule à Sharm el Sheikh en Égypte, a été baptisé “mise en œuvre”. À en juger les nombreux discours des chefs d’État, des activistes climatiques de premier plan, des actions publiques et des négociations en coulisses, il est clair qu’une action urgente est nécessaire aujourd’hui pour éviter une véritable catastrophe climatique dans un avenir pas trop lointain.

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Nous nous plaisons à penser que nous sommes de la Promotion la plus heureuse, la plus réussie, parce que notre parcours a été couronné de succès, qu’il avait à la base des années passées au Collège, au cœur de l’action, que ce Collège avait la vocation d’être au service des hommes et pour les hommes.

Mon père a choisi pour moi le Collège de la Sainte Famille, il était lui-même passé par là, puisqu’il faisait partie de la promotion de 1933. Aussi, nous habitions tout près, à Daher. J’allais donc à pied au Collège, je faisais souvent le chemin accompagné d’autres camarades de classe qui habitaient le quartier : Nabil Maalouf, Adel El-Koussy, Rafik Messiha, Samir Labib, Ayman Gaafar, mon cousin Galal Ayas et d’autres. Nous bavardions, qu’est-ce que nous étions heureux et innocents dans ce temps-là!

En 1958 le Collège avait été placé sous tutelle gouvernementale et un nouveau directeur nommé par le Ministère. Je l’avais appris en lisant un avis collé sur un arbre à l’entrée du Collège rue Boustan el Maksi. Le Père Recteur Victor Pruvot en avait les larmes aux yeux. La comptabilité ainsi que les livres utilisés avaient été passés au peigne fin et finalement trois mois plus tard le Collège retournait sous la direction jésuite. Je faisais partie de la chorale et parfois le Père Martin nous racontait comment il avait participé à la guerre 40-45 et quand il fallait chanter pour la Messe de minuit nous avions droit à un petit déjeuner avec un gros morceau de halawa.

Parfois je m’ennuyais de passer des heures seul sur le balcon durant les vacances. Maman me donnait alors cinq piastres pour louer une bicyclette, j’allais donc au Collège avec la bicyclette pour passer une heure, allant d’une cour de récréation vide à une autre. Le 8 septembre nous étions heureux de retourner pour la Messe en l’honneur de la Sainte Vierge et suite à la Messe il y avait un petit déjeuner avec des bons raisins juteux qu’on ne pouvait manquer.

Avec le Père Henri Boulad et le Père Paul Warren nous avions été pour une excursion à Wadi-Hoff. Le train nous avait emmené direction Hélwan après la prison de Torah. Le soleil était cuisant et nous devions marcher plusieurs heures dans le désert. On nous conseilla de ne pas gaspiller l’eau emportée dans notre gamelle, nous avions alors pris un petit caillou du sol et l’avions gardé en bouche pour favoriser la salive. À 16 heures en fin de journée nous étions arrivés au point de rassemblement autour d’un robinet et nous avons pu nous désaltérer et ressentir cette grande satisfaction d’enlever nos souliers et de tremper nos pieds dans l’eau fraiche du bassin devant le robinet.

Durant les vacances de Noël nous étions allés passer une semaine à Marsa-Matrouh. Nous y avions fait une longue marche sur une colline au bord de la mer, où Rommel avait passé pendant la guerre. Nos avions fini par enlever nos chaussettes et je ne sais pour quelle raison j’avais perdu une de mes deux chaussettes. J’étais très malheureux parce que j’étais en amour avec cette paire de chaussettes et je la cherchai éperdument, priait Saint-Antoine sans résultat. Quelqu’un me suggéra de la jeter en l’air confiant que l’air de la montagne l’enverrait rejoindre sa sœur. J’y crus et à ma grande émotion la chaussette retomba à un mètre de sa sœur. Souvenir inoubliable!

J’avais une fois, en cinquième, obtenu un 2/20 sur une dissertation française. Le Père Louis Sans était venu en personne, en classe, me remettre mon texte, j’avais plagié une phrase d’un livre et elle faisait contraste avec le reste de mon texte qui était franchement médiocre. À son regard, il semblait un peu déçu ou exaspéré mais cela ne m’avait pas valu une retenue. Je ne voulais pas non plus en attraper, car passer deux heures à l’étude un dimanche aurait mis toute la famille de mauvaise humeur et je savais que mon père n’aurait pas aimé que j’en attrape. Il suffisait que mon livret scolaire soit à la limite de la médiocrité!

En quatrième division, M. Georges També était souriant mais parfois très sévère. Il était un surveillant de division très présent, arbitrait nos jeux de drapeaux, de boucliers, de foot, nos batailles, s’assurait du calme durant nos devoirs à l’étude de 16 à 18 heures. Il savait mettre du pep dans nos jeux de drapeaux et avec son porte-voix nous demandait : ’’À qui la coupe? Et nous répondions en criant aux vautours’’ puis ‘’à qui la soupe : aux aigles’’ Il avait surnommé Tarek Malash : Mighty Malash. Tarek avait d’ailleurs le bouclier en bois le plus imposant.

Quand on jouait aux drapeaux, Robert Sursock et Fouad Samakeya étaient parmi les plus rapides à courir. Adel Khawam aussi jusqu’au jour où il s’est cogné la jambe droite et le sang coula d’une lacération qui allait jusqu’à l’os devenu visible et qu’on le porta en courant jusqu’à l’hôpital Copte tout proche. Cela nous avait tous secoués.

Quand on taquinait André Khordoc, il nous courait après en criant : ‘’chiens galeux’’. Nous avions formé un petit groupe pour aller jouer au basket ou au foot sur le petit terrain du basketball. Il y avait d’habitude avec moi :  Fouad Dalati, Victor Ghobril, Samir Labib, Fawzi Mikhail, parfois Robert Solé.

Père Akiki était préfet d’arabe et Père Sans préfet de français en 6ème et 5ème, leur succéda Père Raphael Khouzam qui cumula les deux fonctions pendant longtemps. M. Hassaballah nous apprenait l’arabe et quand nous n’avions pas la bonne réponse, il nous disait ‘’ETTRÉZI’’. Quand M. Gabriel Tagher trouvait que nos bruits perturbaient la classe de maths il nous disait ‘’ya ouélads, ya ouélads…’’ M. Gabriel Bustros nous a aidé à faire nos premiers pas en anglais, il commençait sa classe en disant ‘’voulez-vous sortir votre livre l’anglais fifant’’. M Gabriel Karam a toujours été d’une extrême gentillesse et compétence.

Père Edgard Anid fut notre surveillant de division pendant trois ou quatre ans, il était un homme simple et discret. Il nous demandait de nous soucier de la qualité, vous êtes l’élite de la société nous a-t-il souvent répété. En 2017 j‘ai eu l’occasion de passer 3 jours au Liban et je me suis fait un devoir d’aller à Bikfaya à la Résidence des Jésuites. Sur le parvis de l’église j’ai retrouvé l’image de la Vierge portant son enfant et qu’il avait imprimée sur son carton souvenir et nous avait distribué quand il avait célébré ses grands Vœux le 2 février 1958.

 Après la messe j‘ai demandé au prêtre si je pouvais visiter le cimetière et je suis allé chercher le nom du Père Anid et j’ai posé ma main sur la terre, prêt de son nom. J’avais tellement voulu le revoir, après notre sortie du Collège mais l’opportunité d’aller au Liban ne s’était jamais présentée.

Ce serait ardu de vouloir résumer les évènements des dernières soixante années, injuste d’oublier des grands pans de cette histoire et de notre vie. Cette sensation de libération en sortant du Collège était unique, pleine d’espoirs et de soif de vivre. Par la suite nous avons réussi nos carrières et notre parcours familial et social. Nous remercions le Seigneur. Mais nous ne pouvons oublier les camarades qui nous ont été chers et qui ont quitté le monde avant nous.

1961 c’était l’année des nationalisations, marquée par une période de questionnements quant à cette injustice ressentie par de nombreuses personnes, qui a contribué à leur décision de quitter l’Égypte à la première occasion favorable. Je me souviens d’une conférence à laquelle un sous-ministre avait été invité au Collège par le Père Recteur Zemokhol, pour nous expliquer la pertinence de ces nationalisations. Après la conférence, Mounir Abdel-Nour demanda à l’invité si l’Égypte n’aurait pas pu réaliser ses cibles de développement, en collaborant avec le secteur privé, sans recourir aux nationalisations. La réponse était que la croissance annuelle de l’Égypte était de 2% par an alors que la prise en main de tous les leviers économiques permettrait au socialisme et à une meilleure gestion d’atteindre nos buts plus rapidement.

Juin 1967 amena un choc. Je préparais les examens de fin d’année, sous le bruit des bombes et l’éclatement de la guerre des six jours. Alors qu’à la radio on annonçait avoir abattu dix avions puis vingt avions puis trente avions puis cent-vingt avions ennemis, suivit le discours du Rais annonçant notre défaite. Ce discours triste et crève-cœur fut suivi immédiatement par une mobilisation populaire dans les rues, de manifestations monstres lui demandant de revenir sur sa décision de démissionner, pour ne pas laisser son peuple orphelin.

Septembre 1970 marqua le décès subit de cet homme de 52 ans qui avait juré de reconstruire son pays et lui redonner sa force, suite à la défaite cuisante de 1967. Le Rais avait promis de reconstruire l’armée égyptienne et trois ans plus tard il décédait d’une crise cardiaque, laissant effectivement ce pays orphelin. Ceci fut marqué par des funérailles monstres où ce peuple désemparé criait sa douleur et son désarroi.

Plusieurs d’entre nous ont quitté, fuyant Nasser, fuyant le socialisme et le parti unique. Dans ce pays un régime policier s’était installé et l’on manquait de nombreux produits de consommation. Il fallait aller à Gaza pour s’acheter un rasoir électrique ou sur la rue Chawarbi pour trouver quelques articles de luxe qu’apportaient de petits commerçants dans leurs valises, souvent en contrebande, à des prix excessifs, parce que nous manquions alors de tout, même de papier toilette.

S’en suivirent des années d’ouverture au marché de la consommation avec Sadate mais aussi de glissement vers une droite religieuse à la sauce saoudienne. Il y eut la victoire de 1973 puis l’assassinat de Sadate puis trente ans de régime Moubarak qui ont fini avec les soulèvements populaires du printemps arabe à Midan El-Tahrir en janvier 2011. Ensuite il y eut le gouvernement par les Frères musulmans et Morsi, suivi d’une correction de la trajectoire par El-Sissi amenant une ère nouvelle marquée par des projets pharaoniques d’infrastructures. L’Égypte est restée ce grand pays plein de riches et de pauvres, de gens à la fine pointe et d’autres gens qui ne cherchent qu’à quitter pour trouver leur gagne-pain nécessaire et vital.

En 2013 nous avons célébré le cinquantième anniversaire de notre promotion et Mahmoud Chawki nous avait organisé un programme à Gouna, quatre jours de pur bonheur et de camaraderie. Tarek Nour nous a invité chez lui, le ministre Mounir Abdel-Nour est venu nous serrer la main à notre party au Marriott. J’en avais alors profité pour aller avec Claudie visiter Raouf Morcos chez lui à Zamalek. Il était très heureux de nous inviter à sa table. Je l’avais revu avec émotion et j’eus de la peine lorsque j’ai appris son décès trois ans plus tard.

Et maintenant! Ceux qui ont quitté l’Égypte ont oublié les anciennes misères. Ils sont parfois heureux dans leurs lieux d’immigration mais ils sont parfois nostalgiques d’un passé unique et de souvenirs qui leur sont très chers. La société de consommation a monopolisé leur attention, leurs familles sont éparpillées à travers le monde. Nous sommes obsédés par ce besoin de travailler fort pour acquérir des biens qui nous semblent indispensables. Alors que l’essentiel c’est le bonheur, la vie, l’amour que Dieu nous donne.

Pensons tout simplement à ces téléphones cellulaires qui nous accaparent, ces tablettes, ces cartes de crédit. Pensons à cet argent qui se dévalue jour après jour, signe d’une société qui consomme trop ou qui vit au-dessus de ses moyens. Pensons à nos petits-enfants qui vivent une autre réalité que la nôtre et qui ne pourraient pas comprendre le plaisir que nous avions de finir un sac de ‘’bombs’’ à Sham-El-Nessim ou de visiter une famille amie à la ‘’ezba’’ ou de manger du pain ‘’méchaltet’’ avec du miel apporté par un paysan ou de jouer à la marella sur le trottoir en dedans de carrés dessinés à la craie.

Pensons à nos petits-enfants qui auront à jongler avec des décisions aussi graves que l’aide médicale à mourir qui sévit en Occident, le suicide assisté, l’euthanasie, l’avortement sur demande, le trans-genrisme, l’homosexualité ou l’éducation à la sexualité dans les écoles. Souhaitons-leur bonne chance, prions pour la paix dans le monde. Nous demeurons responsables. L’amitié sincère et l’éducation solide que nous avons connue au Collège de la Sainte Famille ont été un cadeau précieux que nos parents nous ont laissés.

Bon soixantième anniversaire à tous.

Raouf Ayas

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Ce texte a été lu sur le bateau durant la croisière, au lac Nasser, le 25 novembre 2023 devant :

Mahmoud et Nadia Chawki. Mamdouh et Hoda Saada, Ramzi et Tina Iskandar, Yéhia et Hoda Lotfy, Adel Khawam, Fawzi Mikhail, Tarek et Aleya Malash, Raouf et Claudie Ayas.

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