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Les jésuites sont présent à Ankara depuis plus de 20 ans maintenant, dans le cadre de la paroisse de la capitale administrative de la Turquie et des services qu’ils rendent plus généralement à l’Eglise de de ce pays dans différents domaines tels que les médias, la formation, la pastorale, l’accompagnement spirituel et le dialogue œcuménique et interreligieux. Actuellement cinq, ils travaillent principalement comme partenaires de l’Eglise de Turquie, avec près de 120 autres consacrés principalement étrangers, qui forment la majeure partie des structures ecclésiales du pays, et avec leurs collaborateurs laïcs turcs, dans le diocèse auquel ils sont rattachés (Istanbul) comme dans les deux autres (Izmir et Anatolie)

Dans ce contexte, ils mettent généralement peu en avant leur identité jésuite dans leurs apostolats, même si la spiritualité et la manière de faire d’Ignace imprègnent chacun de leurs faits et gestes. L’année ignatienne donc fut donc l’occasion pour eux de faire mémoire de qui ils sont et de le célébrer publiquement ce samedi 14 mai à Ankara: en présence des autorités ecclésiales, c’est-à-dire le nonce apostolique, les trois évêques latins dont Mgr. Paolo Bizzeti, Vicaire Apostolique d’Anatolie qui est lui-même jésuite, et le P. Franck Janin, président de la Conférence Jésuite des Provinciaux Européens et supérieur majeur des jésuites de Turquie; mais aussi avec leurs collaborateurs et une partie de la communauté chrétienne d’Ankara. Il y avait en tout une bonne cinquantaine de personnes. 

La célébration s’est déroulée en trois temps: conférence, célébration eucharistique et agapes fraternelles. Dans l’introduction au premier temps, le P. Jean-Marc Balhan, supérieur de la communauté, a rappelé les trois étapes de la longue histoire des jésuites en Turquie: (1) l’apostolat à Istanbul, (école Saint Benoît, visite des prisonniers, travail pastoral avec les minorités) et son extension au reste de l’Empire Ottoman, de l’arrivée en 1583 à la Suppression à la fin du 18ème siècle; (2) l’ouverture de 6 écoles au service des minorités chrétiennes en Anatolie centrale, de 1881 à la fin de la première guerre mondiale, avec un travail archéologique en Cappadoce, ainsi que des activités pastorales à Istanbul jusqu’au début des années 1980; (3) un temps de dialogue académique entre l’université grégorienne et celle d’Ankara, puis l’arrivée des jésuites dans cette ville en l’an 2000. 

Après ce rappel historique, il a présenté ce que signifie être jésuite aujourd’hui, en exposant les préférences apostoliques universelles. Il a ensuite expliqué la signification de l’année ignatienne, en décrivant les crises comme celle qu’a vécues Ignace avec le boulet de canon, ou celles que nous vivons aujourd’hui dans l’Eglise et dans le monde, comme une chance et une opportunité si elles sont l’occasion d’une prise de conscience et de décision qui vont dans le sens de l’Esprit. 

Dans la crise que vit l’Eglise aujourd’hui, le chemin synodal est un lieu possible pour une telle prise de conscience et de décisions. C’est ce sur quoi s’est penché le P. Antuan Ilgıt (jésuite turc travaillant avec Mgr. Bizzeti en Anatolie, depuis son retour dans son pays natal en janvier de cette année) dans sa conférence intitulée: “Saint Ignace, le discernement et la spiritualité du chemin synodal”.  Après avoir raconté la conversion d’Ignace et les points principaux de sa vie, il a présenté le discernement en faisant le lien avec la culture du pays: (1) le proverbe turc: “Kafamda kırk tilki var ve kırkının da kuyruğu birbirine dokunmuyor!” (“J’ai quarante renards dans la tête et la queue d’aucun d’entre eux ne touche celle de l’autre”) pour d’écrire l’état de confusion qui est le nôtre lorsque nous sommes submergés par nos émotions; (2) l’invocation attribuée au Prophète de l’Islam : “Mon Dieu, montre-nous les choses telles qu’elles sont” par laquelle les soufis demandent à Dieu de délivrer leur cœur de ses illusions, car “seule la capacité à discerner qui vient du cœur engendre de justes actions”. Il a alors présenté une spiritualité du chemin synodal à la lumière des Exercices Spirituels. 

Après un temps d’échange avec l’assemblée présente, nous nous sommes alors dirigés vers notre chapelle ou nous avons célébré en rouge la fête du jour, celle de Saint Matthias, l’apôtre choisi pour remplacer Judas parmi les Douze, au cours d’une eucharistie présidée par notre évêque, Mgr. Massimiliano Palinuro, durant laquelle Mgr. Bizzeti a prononcé une homélie centrée sur le chemin de conversion d’Ignace.

Après avoir nourri “l’homme intérieur”, il restait à sustenter nos êtres de chair, ce sur quoi a veillé notre P. Ministre, Alexis Doucet, et son équipe, au cours d’un repas convivial qui nous a tous rassemblés dans la cours de notre résidence.

Jean-Marc Balhan SJ

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